
Géographie
Le quartier se situe sur une plaine alluviale, autrefois inondable qui fut petit à petit asséchée.
Cette plaine était propice au maraichage et la culture : tout d’abord le chanvre et plus tard après l’assèchement, les céréales.
Elle était traversée de nombreux ruisseaux aujourd’hui recouverts. Les principaux étaient la Petite et la Grande Mogne et le Verderet : d’Eybens à Grenoble c’est le dernier torrent qui traverse la vallée sur 6 km avant d’aller se jeter dans l’Isère.
En savoir plus sur le Verderet
Avant 1968, le quartier était traversé par la voie ferrée GRENOBLE-CHAMBERY. A l’occasion des Jeux Olympiques le Plan directeur d’Urbanisme préconise le déplacement de cette voie dont l’emplacement se situait exactement sur l’avenue des Jeux olympiques qu’elle a remplacé. Une maison de garde barrière et le passage à niveau se trouvaient au feu rouge vers la « Chaufferie » avenue Léon Jouhaux.
© Crédit-Photo Caroline Thermoz-Liaudy Archives
Histoire
L’origine du nom Abbaye reste mystérieuse ; diverses hypothèses existent mais aucune n’est validée en l’absence d’archives ayant brulé pendant la Révolution.
D’une manière certaine on sait que jusqu’à la fin de la 1ère guerre mondiale ce territoire s’est toujours situé en dehors du périmètre de la ville malgré les 6 enceintes successives qui l’ont cernées.
Dès le début du 16è siècle, des moulins apparaissent sur le torrent Verderet permettant l existence de petits métiers : meuniers, tanneurs, blanchisseurs, corroyeurs qui côtoyaient les maraichers et les petits paysans.
En 1919, Paul Mistral, élu maire, profite du déclassement de Grenoble en tant que place forte militaire pour adopter un nouveau plan d’urbanisme prévoyant la destruction de l’enceinte Haxo et permettant de cette manière l’extension de la ville. C’est ainsi que du coté de l’Abbaye les fortifications sont abattues et que l’armée, grand propriétaire terrien, cède des terrains et plus particulièrement l’emplacement du Polygone qui deviendra le futur Parc Paul Mistral.
L’Abbaye va pouvoir commencer à s’urbaniser.
– le chemin de la Plaine deviendra chemin de l’Abbaye puis rue Léon Jouhaux.
– le chemin de la Blanchisserie qui deviendra chemin de l’Industrie puis l’avenue Jeanne d’ARC.
– le chemin du Pavé deviendra l’avenue Jules Vallès.
Beaucoup de pavillons individuels sont construits tandis que des ateliers, des petits commerces animent le quartier.
Suite à l’impulsion de l’Exposition Internationale de la Houille Blanche de 1925 ; lors de laquelle on élève la Tour Perret ; on voit se construire entre 1927-1931 les Cités de l’Abbaye, bâties alors en pleine campagne.
1935 : construction de l’Ecole Jules Ferry.
Après la 2e guerre mondiale, les espaces agricoles disparaissent les uns après les autres. La dernière ferme existante, la ferme Guichard, est démolie pour laisser place au Lycée Jean BART (actuel ARGOUGES).
L’OPHLM (Office Public d’Habitations à Loyer Modéré) réalise de très importants programmes de construction pour satisfaire la très forte demande d’une population en forte croissance.
Parfois des logements sont construits très vite et de manière assez médiocre pour reloger les habitants des quartiers insalubres du centre ville et voués à la démolition (Très-Cloîtres, Mutualité).
En 1966, la construction de la MJC (actuelle Maison Des Habitants) donnera un aspect plus structuré à la place du Marché devenue Place de la Commune.
Au cours de ces décennies, se succèdent des vagues de populations très diversifiées, avec en tout premier lieu les Italiens : Coratins et Siciliens, puis viennent les Gitans : ils campaient à proximité et se sédentarisent petit à petit. A l’indépendance de l’Algérie de nouveaux bâtiments sont construits (Jouhaux) pour accueillir les Pieds Noirs rapatriés. La dernière vague sera dans les années 80 : l’immigration maghrébine.
Autrefois, les Grenoblois se rendaient dans le secteur de l’ABBAYE ; situé alors en pleine campagne ; en franchissant la porte Très Cloîtres.
Plus tard, toujours en dehors de la ville, l’Abbaye devint un faubourg de Grenoble.
Crédit-Photo ©Ville de Grenoble / SAGES
Patrimoine
Les Cités de l’Abbaye
Construites entre 1927-1931 par le tout nouveau OPHBM (Office Public d’Habitations à Bon Marché) réalisées par les architectes FONNÉ et ROCHAS.
Premier exemple de logement social pour lutter contre l’insalubrité du logement ouvrier.
Composées d’un harmonieux ensemble de 15 bâtiments de style Art Déco disposés en forme de U et répartis sur trois cours.
Les matériaux employés pour le gros œuvre sont la pierre et le pisé de mâchefer.
Labellisées «Patrimoine du XXe siècle» depuis 2003 par le Ministère de la Culture c’est un héritage fort de l’habitat ouvrier de l’entre deux guerres, témoins d’un urbanisme précurseur, elles ont échappé in extrémis à la démolition grâce à la mobilisation des habitants.
Par-delà ces considérations, ces cités emblématiques représentent l’identité du quartier : quand on dit « Abbaye » c’est immédiatement à elles qu’on pense.
Ecole Jules Ferry
Toute proche des Cités de l’Abbaye, elle est, avec celles-ci ; le témoignage d’une architecture domestique, sociale et publique dédiée à une population ouvrière dans les années 30.
Maison-Forte du Chatelet
Cette grande maison fortifiée avec ses dépendances, dominée par sa tour seigneuriale est mentionnée dans les textes dès le 14è siècle comme appartenant à Guy Dauphin seigneur de Montauban, un frère du Dauphin Jean II. Elle passe de main en main au cours des siècles pour se retrouver dans un état extrêmement dégradé dans les années 70. Elle sera restaurée en 1982 pour créer des logements sociaux.
La piscine de l’ABBAYE
Patrimoine qu’on pourrait qualifier «d’immatériel» tant il reste peu de choses de cette piscine et de son grand café attenant, mais elle fut une curiosité et un lieu de baignade très fréquenté jusqu’au début des années 60.
En 1997 elle fera place à la Bibliothèque de l’ABBAYE LES BAINS.
Autrefois, avant la Révolution se trouvaient à cet emplacement des termes exploités par des moines : son eau sulfureuse ressemblant à celle d’Uriage.
Bernard Gauthier (1924-2018)
Ce grand coureur cycliste ; surnommé «Monsieur Bordeaux-Paris» en raison entre autres de ses 4 victoires dans cette célèbre course ; a toujours vécu dans le quartier il en fut une sympathique et fidèle figure. Il y ouvrit plus tard un magasin de fleurs rue Claude Genin.
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